Jon & Patxi Tambourindeguy
Ces deux champions du monde sont avant tout des artisans animés par l’envie de transmettre leur passion.
Avec Ona Pilota, Jon et Patxi Tambourindeguy ont créé un atelier de fabrication et d’initiation comme nulle part ailleurs. Nous avons rencontré les deux « frangins », ces enfants du pays qui incarnent mieux que personne le tempérament bidartar.
Jon et Patxi, comment est née votre histoire avec Bidart ?
Nous sommes nés à Bayonne mais toute notre vie est à Bidart. Nous y avons grandi et construit notre carrière. C’est notre village, on lui doit tout. Il était important pour nous de créer notre atelier à Bidart et d’en faire la vitrine de la pelote basque.
On n’est pas peu fier : Bidart est aujourd’hui une référence pour ce sport.
Vous évoquez ce village avec passion. Quels sont vos lieux préférés ?
La place est magnifique et les chapelles offrent des vues imprenables sur l’océan. C’est vraiment magique. Le sentier du littoral et les plages font aussi partie des trésors de Bidart. Boire un verre chez Elissaldia, dont le patron est aussi un joueur de pelote, ou au Bar du Fronton, ce n’est vraiment que du bonheur. Et nous avons découvert l’Auberge Koskenia. C’est un nouveau concept qui est une vraie valeur ajoutée pour Bidart.
Vous avez grandi devant les frontons. Vous vous attendiez à une telle ascension ?
Nous avons toujours été passionnés de compétition, mais nous n’avions pas d’ambition particulière. Seul comptait le plaisir de « taper » après l’école. L’évolution s’est faite assez naturellement. Nous avons tous deux des parcours similaires et franchi les étapes les unes après les autres jusqu’à intégrer l’équipe de France et remporter des titres significatifs.
Patxi, en 2003, vous devenez champion du monde Espoirs à Cuba. C’est le plus beau moment de votre carrière ?
Cela restera un moment complètement à part. Je ne visais pas forcément le titre et je n’avais pas trop de pression. Remporter ces championnats du monde, partager cette médaille avec mes proches a vraiment été une expérience géniale. Ce sont des moments incroyables. Cela a permis de lancer ma carrière et de donner une nouvelle notoriété à la pelote basque. L’année 2003 a vraiment été exceptionnelle pour moi avec un titre de champion de France puis de champion du monde avant un départ aux Etats-Unis.
Que vous a apporté votre expérience à Miami ?
Après ce titre mondial, j’ai en effet décidé de tenter l’aventure américaine. Je suis finalement resté dix ans à Miami. J’avais le statut professionnel avec des contrats toute l’année. Je pratiquais la pelote onze mois sur douze, six jours sur sept. C’était vraiment intense. Et jouer en Floride, c’est aussi l’occasion de côtoyer les meilleurs mondiaux. Une consécration pour nous, joueurs basques : on joue d’abord à la maison, on se hisse parmi les meilleurs de la région avant d’être sélectionnés parmi ceux qui partiront en Floride… le sommet d’une carrière.
Et vous Jon, parlez-nous de votre palmarès. Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Mon meilleur souvenir, c’est cette victoire aux championnats du monde à Barcelone en 2007. Quatre ans après le sacre de mon frère, on a ramené la couronne à la maison. Deux ans plus tard, je remporte la coupe du monde et en 2011, je passe sous statut professionnel. J’ai eu la chance d’évoluer au Mexique. Dans notre sport, le fronton de Mexico, c’est une institution. Là-bas, il y a énormément de ferveur autour de la Cesta Punta qui se joue à l’intérieur.
Peut-on vous voir jouer à Bidart et à quelle occasion ?
Nous faisons partie de l’équipe de France et nous préparons la coupe du monde initialement prévue à Cuba en octobre 2020 et reportée d’un an. C’est notre objectif prioritaire aux côtés du coach Philippe Etcheberry. Dans la région, nous jouons sur plusieurs frontons dans le cadre du circuit ProTour : à Biarritz, Hossegor, Pau, Saint-Jean-de-Luz ou encore Saint-Jean-Pied-de-Port. En tant que professionnels, nous jouons uniquement sur des frontons intérieurs – le Jaï Alaï en basque. Et surtout, nous accueillons le public et les vacanciers dans notre atelier Ona Pilota à Bidart. C’est d’abord cela qui nous motive et nous rend heureux.
Ona Pilota, on entend ce mot depuis qu’on est tout petit. Et aujourd’hui, on savoure le bonheur de vivre de notre passion et de la partager avec le public.
Avec Ona Pilota justement, vous franchissez une nouvelle étape. Mais d’où vient ce nom ?
Cela signifie en basque « la bonne pelote ». On entend ce mot depuis qu’on est tout petit. Du coup, on l’a repris tout naturellement pour notre atelier. Et aujourd’hui, on savoure le bonheur de vivre de notre passion et de la partager avec le public.
Que peut-on découvrir dans cet atelier ?
Notre but est de démocratiser le jeu de la pelote basque en ouvrant les portes de notre atelier à Bidart. Nous organisons des visites pour expliquer un double savoir-faire : celui de cestero, le mot qui désigne l’artisan qui confectionne les chisteras, et celui de pelotero, le fabricant de pelote. Nous présentons le tressage des gants de chistera et les différentes étapes que compte la fabrication de la pelote pour permettre aux visiteurs de tout savoir sur la réalisation des instruments. Et bien sûr, nous organisons des démonstrations et des cours d’initiation ou de perfectionnement pour découvrir la pelote basque. L’idée est de rendre cette discipline accessible à tous.
C’est aussi une façon de promouvoir la culture basque ?
Toute notre démarche est empreinte de culture basque. Nous apprenons d’ailleurs aux visiteurs les mots de la pelote basque comme « Jo » qui signifie j’engage, « Zuri » à toi, « Aire » à la volée, « Segi » continue ou « Lasai » doucement. Nous utilisons beaucoup de termes techniques pour communiquer entre joueurs d’une même équipe. C’est souvent spectaculaire et ça plaît beaucoup au public et aux vacanciers en particulier. C’est notre façon de partager notre amour pour ce sport et la culture basque.
Vous avez même lancé une collection de vêtements ?
Oui, une collection de casquettes et maillots de pelote. On voulait faire bouger les lignes et sortir des codes traditionnels de la pelote. À Bidart, on aime les défis et être audacieux. Ce côté éclectique et inventif sans se prendre au sérieux, ce n’est pas justement l’esprit de Bidart ? Nous avons toujours été habitués à vivre dans des lieux où on pouvait tout faire et on a gardé ce rythme de vie à Bidart. C’est un village à la fois calme et apaisé mais aussi très dynamique, où il y a mille activités à pratiquer dans un cadre fabuleux. Comme la plupart des gens chez nous, on joue à la pelote, on surfe, on pêche et on est super chauvin. C’est pour tout cela qu’on aime passionnément notre village.